Partie 1
Introduction
Grand pays au centre du continent africain, la République Démocratique du Congo (RDC) est richement dotée en ressources minières. Et pourtant, elle compte parmi les pays les moins avancés de la planète.
La désagrégation de ses structures économiques formelles au détriment de l’informelle, la mauvaise gouvernance et l’attitude d’indifférence qu’affi che la classe dirigeante éloigne de plus en plus le pays des voies reconnues du développement, rendant précaires les conditions de vie des populations. Au-delà de son aspect moral, la réduction de la pauvreté est désormais reconnue comme indispensable à la paix et à la sécurité sociales. La démarche actuelle consistant à envisager la perspective d’une stratégie axée sur une croissance durable et stable par la bonne gouvernance de nos ressources naturelles, s’impose comme étant une nécessité inéluctable. Avec une population estimée à environ 60 millions d’habitants, la RDC
constitue un vaste chantier dans lequel l’Etat reste l’entité ultime, capable de donner une impulsion vive pour une reconstruction véritable du pays. Dans la droite ligne du « mieux être » en RDC, pays où sont concentrées de fabuleuses ressources naturelles, nous l’avons souligné plus haut, qui par ailleurs ne profi tent nullement aux populations autochtones et au pays d’une manière générale, le développement devrait s’appuyer également sur les richesses minières malgré la crise fi nancière qui trouble le monde.
Dans le cas notre étude, le secteur minier, en particulier le secteur du diamant, devrait jouer un rôle moteur dans la quête de l’épanouissement intégral du congolais, d’autant plus que l’industrie du diamant est l’un des
principaux pourvoyeurs en devises étrangères au pays. Comme on le sait, il existe de nombreuses études traitant du secteur minier dans son ensemble, menées notamment par la Banque Mondiale (BM) et par d’autres structures de la société civile. Aussi, le présent travail s’appesantit-il spécialement sur l’industrie du diamant et ses répercussions socio-économiques en RDC.
En effet, il s’agit dans cette étude, de présenter une analyse des problèmes affectant, dans un sens comme dans l’autre, le secteur diamantaire et de justifi er à cet effet les recommandations dans leur globalité, étant entendu que ce secteur se caractérise par des problématiques spécifi ques telles que : la question de la commercialisation, la non participation au budget de l’Etat depuis plus d’une décennie, la contrebande, la sous-location au niveau des comptoirs, la sous-évaluation, l’application timide des principes du Processus de Kimberley (PK) ou encore l’utilisation du trafi c des diamants à des fi ns criminelles.
En outre, il faut signaler que l’exploitation de diamant par rapport à celle d’autres ressources naturelles n’est pas entreprise à grande échelle.
La plus grande exploitation demeure jusqu’à ce jour artisanale, libéralisée au début des années 1980. Ainsi donc, le diamant devrait, en tant que produit exploitable et exportable, contribuer au développement du pays, à la seule condition que sa gestion puisse être transparente. Dans la perspective de réponses à certaines questions que nous pouvons nous poser dans la présente étude et par rapport à notre démarche,
l’analyse des faits nous suggère la méthode historique car, le présent ne se comprend véritablement qu’à la lumière du passé où il plonge ses racines.
Aussi, notre approche dans cette même logique s’inscrit dans l’appréhension comparative qui par ailleurs trouve l’explication à travers les données statistiques, éléments indicateurs dans toute analyse rationnelle.
De même, nous jugeons opportun l’utilisation des techniques documentaires, l’entretien sous forme de focus groupe, l’interview et l’observation directe, afi n d’asseoir notre analyse sur une charpente
solide. Il sied de souligner que nous avons connu quelques heurts lors de la récolte des données statistiques. En effet, certaines sources des données nous ont imposé une procédure administrative ennuyeuse et inutilement longue, tant il est vrai que tout semble être « tabou » dans le secteur de diamant.
Il faut par ailleurs indiquer que, certains responsables des sociétés qui oeuvrent dans ce secteur ainsi que les opérateurs politiques à Mbuji Mayi ont affi ché une méfi ance à notre égard. Il a fallu faire plusieurs tours
auprès de certains services étatiques qui nous ont fi nalement reçus pour obtenir les informations nécessaires.S’agissant des creuseurs, trafi quants et négociants, tous ne se sont pas prêtés spontanément à nos questions. Les uns ont refusé sous prétexte de ne pas disposer de temps, les autres n’ont pas trouvé l’intérêt immédiat, d’autres encore exigeaient un petit geste matériel pour se prêter à l’exercice
« questions – réponses ». Il n’était pas non plus facile de faire un rapprochement entre le phénomène et/ou mythe « suicidaires2». Le problème d’interprétation d’une manière correcte des informations entre enquêteurs et enquêtés a suscité parfois des malentendus, d’où l’obligation de revenir plusieurs fois
sur le même questionnement, afi n de dégager la substance nécessaire à l’analyse.
Ainsi, pour mieux cerner la problématique sur l’industrie du diamant et surtout établir les liens entre l’exploitation du diamant, la bonne gouvernance et le développement durable en RDC, l’étude comprend dix
chapitres, hormis l’introduction et les recommandations. Il s’agit des points ci-après : cartographie des ressources minières, cadre juridique, géopolitique autour du diamant, production et commercialisation,
responsabilités sociales des entreprises minières, impact de l’exploitation du diamant sur l’environnement, l’exploitation du diamant, droits de l’homme et les problèmes liés au genre, l’exploitation du diamant et la propagation du VIH/Sida, couverture médiatique sur l’exploitation du diamant, rôle des institutions fi nancières internationales dans l’exploitation des minerais en RDC.
Cartographie des ressources minieres : le diamant
Il existe en RDC deux grandes zones très connues où le diamant est exploité d’une manière industrielle, semi industrielle et artisanale. Il s’agit de la Province du Kasaï Oriental et celle du Kasaï Occidental. Un vaste champ diamantifère, d’une superfi cie deux fois plus grande que la Belgique, s’étend entre les parallèles Sud 8°30’ et 5°, et les méridiens 20°30’. Il se trouve ainsi être à cheval sur la frontière de la RDC et l’Angola4.
On trouve dans la Province du Kasaï Oriental, la roche kimberlite où l’exploitation industrielle est effectuée essentiellement par la Société Minière de Bakwanga (MIBA) tandis qu’au Kasaï Occidental, le diamant se
trouve exclusivement dans les lits de rivières et/ou dans les terrasses. Jadis l’exploitation dans le Kasaï Occidental était essentiellement artisanale. Depuis novembre 2005, avec la présence de l’AMB Mining Investments, l’’exploitation est aussi industrielle. La plupart des livres de géographie et autres, vantent la richesse fabuleuse que regorge la RDC. La carte géologique de la RDC, renseigne que le diamant se trouve également dans les autres Provinces du pays. Outre le diamant qui est intensivement exploité dans les deux Kasaï, d’autres substances minérales exploitables existent :
• D’importants gîtes des roches carbonatées s’étendant en diagonale de
Dimbelenge à Ngandajika ;
• D’importants gîtes de Nickel, Chrome et Cobalt de Lutshatsha et Nkongo s’étendant entre Kazumba et Tshintshianku ;
• D’importants gisements primaires du diamant de Tshibwe et ses satellites de Mukongo Nsenga-Nsenga-Kamisangi ;
• Les alluvionnes détritiques d’Or des rivières Lontshime et Tshumbe ;
• Les gîtes d’Or de Luiza, des environs de Mwene-Ditu et Luputa ainsi que le Fer du craton de Kanda-Kanda ;
• Les gîtes de Cuivre, du Plomb, de Zinc et d’Argent aux confl uents Lukula- Lubi-Tshiniama ;
• Les indices de cuivre le long de la rivière Kakangayi ;
• Le gîte de Manganèse à Luputa ;
• Le gisement de Diamant et le gîte de gypse, Malachite et Sel à Kabeya – Kamwanga et Miabi (Mulundu 2003) ;
• Le gisement de diamant de Lodja, Lubefu et Tshofa ;
• L’eau minérale du lac Munkamba ;
• Le Pétrole de Bene-Dibele et Kole (CODEKOR, 1990).5
De toutes ces substances minérales énumérées ci-haut, il y a lieu de préciser que seul le diamant est exploité de manière industrielle, semi industrielle et artisanale. Les autres substances sont soit non exploitées,
Fonte: www.sarwatch.org
Chercheur d'or artisanal ( Lukula, RDCongo) |
Grand pays au centre du continent africain, la République Démocratique du Congo (RDC) est richement dotée en ressources minières. Et pourtant, elle compte parmi les pays les moins avancés de la planète.
La désagrégation de ses structures économiques formelles au détriment de l’informelle, la mauvaise gouvernance et l’attitude d’indifférence qu’affi che la classe dirigeante éloigne de plus en plus le pays des voies reconnues du développement, rendant précaires les conditions de vie des populations. Au-delà de son aspect moral, la réduction de la pauvreté est désormais reconnue comme indispensable à la paix et à la sécurité sociales. La démarche actuelle consistant à envisager la perspective d’une stratégie axée sur une croissance durable et stable par la bonne gouvernance de nos ressources naturelles, s’impose comme étant une nécessité inéluctable. Avec une population estimée à environ 60 millions d’habitants, la RDC
constitue un vaste chantier dans lequel l’Etat reste l’entité ultime, capable de donner une impulsion vive pour une reconstruction véritable du pays. Dans la droite ligne du « mieux être » en RDC, pays où sont concentrées de fabuleuses ressources naturelles, nous l’avons souligné plus haut, qui par ailleurs ne profi tent nullement aux populations autochtones et au pays d’une manière générale, le développement devrait s’appuyer également sur les richesses minières malgré la crise fi nancière qui trouble le monde.
Dans le cas notre étude, le secteur minier, en particulier le secteur du diamant, devrait jouer un rôle moteur dans la quête de l’épanouissement intégral du congolais, d’autant plus que l’industrie du diamant est l’un des
principaux pourvoyeurs en devises étrangères au pays. Comme on le sait, il existe de nombreuses études traitant du secteur minier dans son ensemble, menées notamment par la Banque Mondiale (BM) et par d’autres structures de la société civile. Aussi, le présent travail s’appesantit-il spécialement sur l’industrie du diamant et ses répercussions socio-économiques en RDC.
En effet, il s’agit dans cette étude, de présenter une analyse des problèmes affectant, dans un sens comme dans l’autre, le secteur diamantaire et de justifi er à cet effet les recommandations dans leur globalité, étant entendu que ce secteur se caractérise par des problématiques spécifi ques telles que : la question de la commercialisation, la non participation au budget de l’Etat depuis plus d’une décennie, la contrebande, la sous-location au niveau des comptoirs, la sous-évaluation, l’application timide des principes du Processus de Kimberley (PK) ou encore l’utilisation du trafi c des diamants à des fi ns criminelles.
En outre, il faut signaler que l’exploitation de diamant par rapport à celle d’autres ressources naturelles n’est pas entreprise à grande échelle.
La plus grande exploitation demeure jusqu’à ce jour artisanale, libéralisée au début des années 1980. Ainsi donc, le diamant devrait, en tant que produit exploitable et exportable, contribuer au développement du pays, à la seule condition que sa gestion puisse être transparente. Dans la perspective de réponses à certaines questions que nous pouvons nous poser dans la présente étude et par rapport à notre démarche,
l’analyse des faits nous suggère la méthode historique car, le présent ne se comprend véritablement qu’à la lumière du passé où il plonge ses racines.
Aussi, notre approche dans cette même logique s’inscrit dans l’appréhension comparative qui par ailleurs trouve l’explication à travers les données statistiques, éléments indicateurs dans toute analyse rationnelle.
De même, nous jugeons opportun l’utilisation des techniques documentaires, l’entretien sous forme de focus groupe, l’interview et l’observation directe, afi n d’asseoir notre analyse sur une charpente
solide. Il sied de souligner que nous avons connu quelques heurts lors de la récolte des données statistiques. En effet, certaines sources des données nous ont imposé une procédure administrative ennuyeuse et inutilement longue, tant il est vrai que tout semble être « tabou » dans le secteur de diamant.
Il faut par ailleurs indiquer que, certains responsables des sociétés qui oeuvrent dans ce secteur ainsi que les opérateurs politiques à Mbuji Mayi ont affi ché une méfi ance à notre égard. Il a fallu faire plusieurs tours
auprès de certains services étatiques qui nous ont fi nalement reçus pour obtenir les informations nécessaires.S’agissant des creuseurs, trafi quants et négociants, tous ne se sont pas prêtés spontanément à nos questions. Les uns ont refusé sous prétexte de ne pas disposer de temps, les autres n’ont pas trouvé l’intérêt immédiat, d’autres encore exigeaient un petit geste matériel pour se prêter à l’exercice
« questions – réponses ». Il n’était pas non plus facile de faire un rapprochement entre le phénomène et/ou mythe « suicidaires2». Le problème d’interprétation d’une manière correcte des informations entre enquêteurs et enquêtés a suscité parfois des malentendus, d’où l’obligation de revenir plusieurs fois
sur le même questionnement, afi n de dégager la substance nécessaire à l’analyse.
Ainsi, pour mieux cerner la problématique sur l’industrie du diamant et surtout établir les liens entre l’exploitation du diamant, la bonne gouvernance et le développement durable en RDC, l’étude comprend dix
chapitres, hormis l’introduction et les recommandations. Il s’agit des points ci-après : cartographie des ressources minières, cadre juridique, géopolitique autour du diamant, production et commercialisation,
responsabilités sociales des entreprises minières, impact de l’exploitation du diamant sur l’environnement, l’exploitation du diamant, droits de l’homme et les problèmes liés au genre, l’exploitation du diamant et la propagation du VIH/Sida, couverture médiatique sur l’exploitation du diamant, rôle des institutions fi nancières internationales dans l’exploitation des minerais en RDC.
Cartographie des ressources minieres : le diamant
Il existe en RDC deux grandes zones très connues où le diamant est exploité d’une manière industrielle, semi industrielle et artisanale. Il s’agit de la Province du Kasaï Oriental et celle du Kasaï Occidental. Un vaste champ diamantifère, d’une superfi cie deux fois plus grande que la Belgique, s’étend entre les parallèles Sud 8°30’ et 5°, et les méridiens 20°30’. Il se trouve ainsi être à cheval sur la frontière de la RDC et l’Angola4.
On trouve dans la Province du Kasaï Oriental, la roche kimberlite où l’exploitation industrielle est effectuée essentiellement par la Société Minière de Bakwanga (MIBA) tandis qu’au Kasaï Occidental, le diamant se
trouve exclusivement dans les lits de rivières et/ou dans les terrasses. Jadis l’exploitation dans le Kasaï Occidental était essentiellement artisanale. Depuis novembre 2005, avec la présence de l’AMB Mining Investments, l’’exploitation est aussi industrielle. La plupart des livres de géographie et autres, vantent la richesse fabuleuse que regorge la RDC. La carte géologique de la RDC, renseigne que le diamant se trouve également dans les autres Provinces du pays. Outre le diamant qui est intensivement exploité dans les deux Kasaï, d’autres substances minérales exploitables existent :
• D’importants gîtes des roches carbonatées s’étendant en diagonale de
Dimbelenge à Ngandajika ;
• D’importants gîtes de Nickel, Chrome et Cobalt de Lutshatsha et Nkongo s’étendant entre Kazumba et Tshintshianku ;
• D’importants gisements primaires du diamant de Tshibwe et ses satellites de Mukongo Nsenga-Nsenga-Kamisangi ;
• Les alluvionnes détritiques d’Or des rivières Lontshime et Tshumbe ;
• Les gîtes d’Or de Luiza, des environs de Mwene-Ditu et Luputa ainsi que le Fer du craton de Kanda-Kanda ;
• Les gîtes de Cuivre, du Plomb, de Zinc et d’Argent aux confl uents Lukula- Lubi-Tshiniama ;
• Les indices de cuivre le long de la rivière Kakangayi ;
• Le gîte de Manganèse à Luputa ;
• Le gisement de Diamant et le gîte de gypse, Malachite et Sel à Kabeya – Kamwanga et Miabi (Mulundu 2003) ;
• Le gisement de diamant de Lodja, Lubefu et Tshofa ;
• L’eau minérale du lac Munkamba ;
• Le Pétrole de Bene-Dibele et Kole (CODEKOR, 1990).5
De toutes ces substances minérales énumérées ci-haut, il y a lieu de préciser que seul le diamant est exploité de manière industrielle, semi industrielle et artisanale. Les autres substances sont soit non exploitées,
soit exploitées de manière artisanale. Les autres minerais non exploités, les sont suite à certaines limitations dues notamment, à l’insuffi sance de recherche pour une meilleure connaissance des ressources et au manque ou encore à l’insuffi sance de l’énergie, des infrastructures de communication, des diffi cultés
logistiques et de la limitation des ressources fi nancières pour soutenir les investissements. Au cours de nos enquêtes, il nous a été rapporté que De Beers, actuellement en phase de prospection, aurait découvert des pipes kimberlitiques à Kabimba, village situé à 30 Km de la ville de Mbujimayi sur la route de Mwene-Ditu ainsi que des gisements de diamant exploitables à Kabinda. En dehors des Provinces précitées, hormis les Provinces du Nord et celle du Sud Kivu, les diamants sont éparpillés dans tout le pays où ils sont exploités artisanalement dans les lits de cours d’eau et dans les terrasses. Il faut noter également que dans la Province du Katanga, le diamant a été exploité par la Société De Beers jusqu’en 1982, date à laquelle la mission fut suspendue pour des raisons politiques (aucun résultat n’a été mis à la disposition de services des mines).
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Fonte: www.sarwatch.org
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