lundi 10 novembre 2014

La géopolitique autour du secteur minier della RDC: cas du diamant


 La dimension nationale
Le rôle du gouvernement : sécurisation ou fraude ?
La politique minière actuelle de la RDC reposerait sur la volonté du gouvernement qui vise la croissance rapide des résultats économiques du secteur minier par la diversification des opérateurs et des substances
exploitables. Cette volonté se manifesterait également par le renforcement de l’intégration du pays dans l’économie mondiale. Pour ce faire, il faudrait opter pour la libéralisation de l’économie et prendre préalablement des mesures adéquates.
Dans cet ordre d’idées, l’Etat congolais s’est engagé effectivement à prendre des mesures qui sont alignées dans le Nouveau Code minier, pour que l’exploitation des ressources minérales contribue au développement
durable du pays, développement qui passe ipso facto par la réduction de la pauvreté des populations.
Nous savons que malgré cette volonté affichée par le gouvernement, le secteur minier est miné par la fraude. Ce fléau constitue, à coup sûr, une gangrène empêchant ainsi la maximisation des recettes susceptibles
de procurer à l’Etat les moyens indispensables pour améliorer le « mieux être » de l’homme congolais.
Sans toutefois justifier un quelconque comportement actuel au sujet de la fraude, il sied d’indiquer que la fraude minière ne date pas d’aujourd’hui. Elle existe depuis l’époque coloniale, malgré de mesures prises pour la freiner. Mais qu’est ce qu’on entend par la « fraude minière » ? La fraude minière n’est rien d’autre que la détention, le transport, la commercialisation ou l’exportation des produits miniers en violation du Code Minier et de ses mesures d’application, du Code douanier, du Code des contributions et ce, dans le but de se procurer un bénéfi ce illicite au détriment des intérêts de l’Etat. D’où, l’impérieuse nécessité pour l’Etat d’engager avec fermeté des actions coordonnées pour juguler ce fl éau. Il n’est un secret pour personne que le secteur minier a toujours été l’épine dorsale de l’économie nationale de la RDC. A titre illustratif : en
2002 et 2003, le secteur minier avait contribué respectivement pour 30,3 % et 38,2 % à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB). Et, la contribution du secteur minier au PIB repose essentiellement sur le
dynamisme de l’exploitation artisanale du diamant. Entre 1993 et 2002, les recettes d’exportation en ce qui concerne le secteur minier ont généré en moyenne 71 % du total des recettes. En déversant beaucoup de dollars américains dans le circuit économique de la RDC, le secteur minier contribue à la maximisation des
recettes de l’Etat, à la stabilité de la monnaie nationale, au développement administratif des entités administratives décentralisées. Au début des années 2000 le pillage des ressources de la RDC, cuivre, cobalt, or, diamants, col tan et autres minerais a été dénoncé par la Société Civile congolaise et étrangère sans résultats positifs. En 2005, les députés de la « période de transition » ont endossé le constat effectué auparavant par le Comité d’Experts des Nations Unies dont le mandat n’a pas été renouvelé depuis 2003. Vilipendé et parfois même discrédité, ce comité d’experts de l’Onu qui, pour la première fois, avait nommément cité les trafi quants locaux et étrangers, a été victime de ses recherches. « Plusieurs
grandes compagnies ont même menacé de leur faire des procès pour diffamation, ce qui a refroidi les relations politiques des pays comme les Etats Unis ou la Grande Bretagne avec la R.D. Congo »
En juin 2005, une Commission Spéciale de l’Assemblée Nationale Parlement de Transition, dirigée par le député Christophe Lutundula est mise en place. Cette commission va remettre le rapport relatif aux contrats
miniers et autres contrats d’affaires signés par les rebelles (Chef de guerre) et les autorités gouvernementales entre 1996 et 2003. Rendu public en février 2006, bien que ce rapport n’ait jamais été discuté
au niveau de la nouvelle Assemblée Nationale, il se dégage ce qui suit : une soixantaine de contrats miniers devraient être révisités, pour la simple raison que ces contrats sont soit illégaux, soit d’une valeur limitée pour le développement du pays. De ce fait, le « rapport Lutundula » recommande l’abrogation ou la révision de ces contrats ainsi que le lancement d’une action judiciaire contre certains acteurs de haut rang appartenant au
monde politique ou celui des affaires. En fait, le « rapport Lutundula » avait appelé à un élargissement du
 L’industrie du diamant et bonne gouvernance en République Démocratique du Congo : Pour quel développement ! mandat de la commission afi n que les contrats signés pendant la période de transition, depuis juin 2003 à ce jour, puissent également être étudiés. Mais ces recommandations sont restées « lettre morte ». Pour revenir à la question du respect de la loi par les opérateurs et/ ou acteurs dans le secteur, il est important de noter que malgré un accroissement des exportations en 2004 qui sont passées de 10,61 % en
USD par rapport à l’an 2003, soit 642 millions de dollars31, le diamant ne joue toujours pas son rôle de moteur de développement. Cette hausse en quantité et en valeur peut être attribuée au lancement du Processus de Kimberley, à l’exclusion du Processus de Kimberley (PK) de la République du Congo, à la meilleure gestion du pipeline depuis les puits jusqu’à l’exportation. Il convient de souligner que c’est suite aux exportations frauduleuses de diamant entretenues par les comptoirs aux frontières voisines de la RDC que le Congo Brazza a été expulsé du Processus de Kimberley. Plusieurs colis en provenance de la RDC traversaient le pool pour Brazzaville où ils étaient exportés offi ciellement sans trop de problème, la législation du pays voisin étant moins regardante. Les contrebandiers trouvaient des conditions d’exportation plus avantageuses qu’en RDC. Ce circuit du commerce illicite a été donc renforcé et entretenu par plusieurs opérateurs économiques et comptoirs de l’autre rive, un boom diamantaire a été enregistré à Brazzaville dont le potentiel de 50.000 carats par an a grimpé jusqu’à 5 millions, tandis que ses exportations avaient
gonfl é Par rapport à ce constat, la République du Congo qui avait adhéré en 2003 avait été suspendue le 9 juillet 2004 à cause des écarts importants entre sa production et ses exportations. A la suite de cette suspension, la République du Congo s’est engagée dans de grandes réformes pour se mettre en conformité avec les exigences du PK : la législation minière a été revue, la mise en place d’un bureau d’experts (BEEC), l’adaptation et la réimpression d’un nouveau certifi cat de Kimberley, la production d’une étude géologique du potentiel de la République du Congo ainsi que la capacité réelle de production. Cette étude révèle que la production du pays est concentrée dans la région de la Likouala (près de la République Centre Africaine). Dans sa confi guration actuelle, cela représente une production annuelle estimée à 55.000 carats. Toutefois ce chiffre pourrait atteindre 85.000 carats voire 130.000 carats si le nombre de points d’exploitation et de
creuseurs augmentait. Il convient de noter que l’étude distingue deux types de diamants présents en République du Congo : Le diamant de type République Centre Africaine et le diamant de type Gabon.
Par ailleurs les stocks actuels se limiteraient au seul échantillon des activités de prospection de la Société Mokabi Mining, estimée à 600 carats de diamant gris d’une petite valeur. Il faut aussi relever malheureusement que, suite à des zones d’ombre toujours présentes, le trésor public rencontre d’énormes diffi cultés pour recouvrer les recettes découlant du secteur de diamant à cause du commerce illicite, de la corruption et de la mauvaise gestion. Global Witness qui, le premier, avait lancé un réquisitoire contre les
trafi cs de diamants qui fi nançaient les confl its armés en Afrique, a estimé qu’en 2004-2005, la RDC a perdu d’énormes recettes en raison d’un manque total de contrôle du secteur minier. Dans un rapport intitulé « Ruée et ruine » : le dévastateur commerce des minerais au Katanga, l’organisation britannique a mis en lumière la dynamique de la ruée vers le cuivre et le cobalt loin des régions en guerre de l’Est du pays. Le rapport montre comment le commerce de minérais contribue à la ruine de l’économie de la R.D. Congo et à la dégradation de son environnement et des moyens de subsistance de milliers de congolais. L’enquête de Global Witness affi rme que la corruption et la contrebande qui continuent entraînent chaque mois la perte de millions de dollars de recette pour le pays, en montrant que les mêmes facteurs qui ont plongé la RDC dans un violent confl it demeurent intacts. Au mois d’août 2007, dix huit camions pleins de cobalt ont été interceptés à la frontière Congo- Zambienne. L’actuel gouverneur du Katanga aurait même échappé à l’attentat pour avoir voulu démanteler les fraudeurs qui seraient protégés par la haute sphère du pouvoir central. C’est dire qu’il y a encore du pain sur la planche. Pour étayer les propos ci haut avancés, nous évoquons l’étude de trois ONG européennes, à savoir, Netherlands Institute for Southern Africa (NIZA), Fatal Transactions et International Peace Information Service (IPIS) qui avaient publié un document intitulé « l’Etat contre le peuple, la gouvernance, l’exploitation minière et le régime transitoire en R.D. Congo », lequel document met en évidence la mafi a fi nancière mise en place par le pouvoir. A la lumière de tout ce qui précède, il y a lieu de souligner qu’il faudrait avant tout viser l’homme congolais qui reste à la fois sujet et objet du développement. De son côté, l’Etat sans le dissocier de l’homme, étant à la fois acteur et régulateur du secteur minier devrait être fort, capable de mettre en place des stratégies appropriées pour endiguer le pillage des ressources, et ramener les dividendes dans le trésor public pour un développement véritablement humain. Les services étatiques comme : Centre d’Evaluation, d’Expertise et decation (CEEC), Administration des Mines, Service d’Assistance et d’Encadrement du Small Scale Mining (Saesscam) et autres Services spécialisés de l’Etat contribuent-ils au redressement du secteur à la
fraude. Il existe un réel problème d’évaluation de diamand par le CEEC. Il y a lieu de relever que la sous évaluation et/ou la surévaluation est due parfois à l’insuffi sance des informations récentes émanant des bourses des matières précieuses permettant la fi xation de prix des diamants. L’Administration des Mines et autres services publics brillent par leur laxisme et complaisance doublée de l’ignorance ou la sous qualifi cation des agents. Les services spécialisés de l’Etat (Agence Nationale Renseignement, Conseil National de Sécurité, Direction Générale des Recettes Administratives et Domaniales, Direction Générale Migration, Police Nationale Congolaise, Parquets, Offi ce des Douanes et Accises…)
– certains agents, bien sûr, seraient souvent de connivence avec les fraudeurs et protégent ces derniers en assurant notamment leur sécurité aux points de sortie du territoire national, empêchant ainsi les agents de
l’Administration des Mines d’exercer leurs prérogatives. Tout cela porte à croire que l’Etat, en tant que régulateur et acteur dans le secteur, ne respecte pas scrupuleusement la loi minière qu’il a lui-même édictée. Cela est d’autant vrai que ceux là qui sont censés agir au nom de l’Etat sont de près ou de loin mêlés à l’exploitation du diamant. Ce qui affaiblit le pouvoir de l’Etat et entraîne des conséquences incalculables
notamment en terme des pertes sur des taxes dues à l’Etat par les exploitants miniers. Ainsi donc, il est souhaitable qu’une structure nationale regroupant tous les Services impliqués dans la lutte contre la fraude soit instituée et que des mesures réglementaires, coercitives et de renforcement des capacités humaines des entités chargées de la lutte contre la fraude minière soient prises, sans oublier naturellement les équipements matériels appropriés.
L’élite congolaise et son rôle dans la spoliation du diamant En RDC, il se dégage un constat assez décevant : une classe d’élite sans considération de ceux qu’elle est censée encadrer et conduire se comporte en véritable mercenaire. Quand bien même les analystes avertis ont souvent fait les mêmes constats acerbes, aucun remède n’a suivi ces diagnostics. La RDC n’a toujours pas enregistré une véritable révolution de nature à se débarrasser de sa société d’une certaine élite foncièrement égoïste. Malheureusement, à chaque tournant décisif de son histoire, les mêmes individus se sont habilement organisés pour s’accaparer de l’appareillage étatique et se passer pour les plus aptes auprès des masses paupérisées. En faisant un tour d’horizon sur l’opinion de la majorité congolaise, aucune n’est favorable sur nos dirigeants d’hier comme ceux de la nouvelle génération. Trois concepts essentiels pour décrire la plupart des élites qui régentent le Congo démocratique : la pléonexie (appétit illimité des biens), la chrématistique (accumulation sans cause) et la culture du ventre. Dans ses rapports avec ses voisins (pays africains) et les pays lointains (occidentaux et asiatiques), l’élite congolaise représente le pays et signe au nom de l’Etat les différents accords et conventions avec les Investisseurs et les Organismes Internationaux. Elle favorise et entretient les bonnes
relations diplomatiques avec les nations du monde. Elle protège et privilégie les intérêts supérieurs de la Nation et, sollicite l’aide étrangère pour relancer l’économie du pays. Elle participe aux discussions sur de
nouvelles orientations politiques, économiques et sociales. Faut-il encore croire que cela se limite au niveau des intentions. Mais, qu’en est-il au juste dans les actes posés par cette élite ? Vue de l’extérieur, la RDC paraît au bord du gouffre, toujours à l’article de la mort. Mais, appréhender de l’intérieur, quel contraste ! On ne peut s’empêcher d’être frappé par l’acharnement avec lequel les congolais refusent la méthode, l’organisation et la planifi cation. Ils gaspillent leurs maigres ressources, sabotent tout ce qui pourrait fonctionner durablement au profi t du plus grand nombre. Ils détestent la cohérence, la transparence,
la rigueur. Et, en cas de coup dur, l’espoir est à l’intervention étrangère qui est, considérée du reste comme un dû historique. Sans aucun doute, au regard de la situation socio économique de la RDCongo, il y a un fossé entre les belles théories sous forme des projets et les résultats sur le terrain. Cela va s’en dire que l’élite du pays est loin de jouer son rôle de guide et de responsable vis à vis de lui même et surtout vis à vis de sa communauté. N’est ce pas que le pays se recherche encore après plus de 40 ans d’indépendance. Aujourd’hui il est parmi les Pays Très Endettés (PTTE). Ainsi donc, nous pouvons affi rmer que la RDC n’est pas encore sortie de l’auberge. Entre autres maux qui rongent le pays, nous citerons la fraude
minière à tous les échelons. Dans cette grande opération de fraude, il y a des principaux intervenants
qui sont : les exploitants artisanaux, les négociants, les comptoirs, les services étatiques et para étatiques, les courtiers, les opérateurs économiques et autres tels que nous l’avons souligné au point sur le respect de la loi. Les courtiers et commissionnaires, par manque d’esprit patriotique, orientent les vendeurs vers des acheteurs « pirates » en vue de percevoir des commissions très élevées. Il en est de même pour les agents délégués par les comptoirs qui expressément ne font pas enregistrer certains colis
de grande valeur moyennant pot de vin. Certains opérateurs de petite mine évitent de présenter leur production de diamant au CEEC à cause du taux de la taxe rémunératoire de 2 pour 100 qu’on leur exige (cf. Art.11 du décret n°036/2003 du 24 mars 2003 portant création du CEEC), taux fi xé en violation des prescrits du Code Minier (art. 234, alinéa 3). Il s’en suit que les diamants achetés sous les
modes ci-dessus sortent en fraude. Les détenteurs de Permis de Recherches passent illégalement de la
phase de recherche à celle de l’exploitation et exportent frauduleusement les produits issus de cette exploitation. Pareillement, certains titulaires de Permis d’Exploitation pratiquent la fraude en payant leur personnel et/ou sous-traitant en nature, c’est-à-dire, avec du gravier minéralisé. Le diamant de ce gravier est racheté par les mêmes titulaires ou autre personne non autorisée qui ne le déclare pas. Il est indéniable qu’après description de tous ces faits (d’après nos investigations), la RDC perd énormément de recettes du fait de l’exploitation et de l’exportation frauduleuses des substances minérales. Concernant le diamant, malgré les timides efforts consentis et l’adhésion du pays au Système du Processus de Kimberley, les estimations du diamant exporté frauduleusement s’élèvent à 200 millions des dollars
américains S’agissant en premier lieu de la Miba, jadis Forminière, qui exploite le diamant au Kasaï Oriental depuis 1920 dans une concession de 78.000 Km2, situé à cheval sur les deux Kasaï (Occidental et Oriental), les résultats n’ont pas été à la hauteur pour prétendre aujourd’hui un véritable apport
sur le développement de la Province. Il a été dénoncé en son temps que le Président Administrateur Délégué
(PAD) de la Miba, parfois même le Ministre des Mines s’octroyait le loisir d’aller vendre le diamant à l’étranger sans aucune formalité. Signalons en passant que la Miba a signé des contrats fi nanciers avec
EMAXON et ADIAM deux grandes entreprises diamantaires. Elle est donc tenue de leur vendre toute la production au regard de leurs fi nancements, soit 88 % à EMAXON et 12 % à ADIAM Voici un exemple type d’un contrat léonin initié par les cadres de la Miba sous le parrainage de l’autorité politique: en acceptant les 15 millions d’Emaxon, somme qui représente deux mois de production de la Miba (alors que l’accord a été signé pour une période de quatre ans), l’entreprise est quasiment prise en otage dans la mesure où elle ne peut procéder aux appels d’offres et, quelle que soit la quantité de la production, seule la fi rme prêteuse a le droit de fi xer le prix. Conséquence, l’avenir de l’entreprise est compromis. La preuve, le contrat avec Emaxon qui devrait se terminer en juillet 2007 suivant les termes de l’accord est prolongé sine
die parce que la Miba n’a pas pu produire dans le délai la quantité et le pourcentage convenus. Présentement, cette entreprise se recherche encore pour sa survie. Pour preuve, elle venait de signer des contrats de partenariat pour la subdivision de sa concession avec des groupes miniers internationaux pour la mise en valeur de ses gisements, notamment avec De Beers (9 novembre 2005). Dan Gertler International en sigle DGI (17 novembre 2005), Nijne Lenskoye (23 novembre 2005)42, BHP Billiton (19 décembre 2006)43 dont le siège social est au Canada et la Société Indo Afrique Miniing qui est une
société de droit chinois avec siège social en Chine. Nous ne pouvons clore ce point sans parler à nouveau de la Sengamines, une Société privée en partenariat avec le Zimbabwe. A son temps, l’opacité régnait en maître, sa production, ses recettes et la répartition des redevances n’étaient pas connues du grand public. Née de la guerre de « Libération », la Sengamines n’a pas fait grand-chose dans le sens de contribuer au développement communautaire. Cette opacité porte à croire que la loi minière n’était pas respectée par cette entreprise. Autant la constitution de la Sengamines renferme les germes des irrégularités organisée par l’élite congolaise, autant son actionnariat face à la participation de l’Etat propriétaire du sol et du sous-sol reste fl ou et totalement nébuleux. Et donc, cette fi rme était loin de devenir le véritable poumon économique, moins encore, l’outil de développement attendu par les congolais en général et les Kasaïens en particulier.
Les tractations seraient en cours pour la reprise des activités par une autre société. Mais selon Global Witness, elle (la Sengamines) a été vendue début 2006 à First Africa Diamonds Limited, une société dirigée par un entrepreneur sud-africain qui détiendra 80 % des parts de la Société, les 20 % restants, appartenant à la Miba.

 La dimension internationale
- Les entreprises occidentales
Le rôle des puissances occidentales traditionnelles en RDC se fait remarquer par la Belgique, pays colonisateur qui a investi dans le pays par la SIBEKA, fi liale de la Générale de Belgique et actionnaire minoritaire (20 %) de la Miba. Il faut souligner que les marchés occidentaux imposaient des prix des
minerais aux possesseurs africains. Actuellement avec la présence dans les marchés mondiaux des multinationales Chinoises et Indiennes, la concurrence défavorise l’Occident qui perd ou voit diminuer sa clientèle au profi t de l’Asie. Plusieurs compagnies de communication par satellite venant de l’Asie et de l’Occident inondent les villes africaines. Par ailleurs il est nécessaire de relever la présence remarquable de
la société ABM Mining Investment. Cette dernière est une société de droit congolais créée depuis novembre 2005. Son siège social se trouve à Kinshasa, au n°30, sur l’avenue de la Gombe dans la Commune de la
Gombe. S’agissant de l’investigation, l’entreprise a consenti au début 26 millions de dollars américains. Aujourd’hui, ce chiffre avoisine 50 millions des dollars américains. AMB est en pleine exploitation et, opère avec ses partenaires dans le domaine minier en Macédoine, en Russie, au Pérou, en Bolivie ainsi qu’en
République Sud Africaine. Son site d’exploitation de diamant à ciel ouvert se situe à Mbendayi, Province du Kasaï-Occidental à plus de 700 Km de la ville de Tshikapa. Bien qu’elle soit de droit Congolais, cette entreprise est gérée par un consortium de sociétés, dont l’une d’elles est Solway Industries Limited.
A titre indicatif, la société a réalisé quelques projets communautaires, notamment la réhabilitation du troçon routier Djoko-Kunda et Tshikapa, ainsi que la construction d’une usine de pompage d’eau sur la rivière
Kasaï.

- Les entreprises asiatiques
Présentement, la Province du Kasaï-Oriental, connait de plus en plus la présence des sociétés asiatiques. Nous citerons par exemple la Société Indo Afrique Mining. En effet, en date du 05 mai 2006, un protocole
d’accord a été signé entre la Miba et la société Indo Afrique Mining. Aussi, des pourparlers sont en cours entre CIMAC une multinationale Chinoise et la Miba. Lorsque la CIMAC sera installée, c’est alors que son
taux d’investissement sera probablement connu. Pour la mémoire collective, il est important de rappeler que la population congolaise n’a pas oublié les bienfaits de la coopération Chinoise en RDC
durant la 2ème République :
• La Chine a érigé la Cité de la N’Selé, le Stade Omnisport des Martyrs, le Palais du Peuple à Kinshasa, l’Usine Sucrière de Lotokila dans la Province Orientale ;
• Et récemment, la réhabilitation de la national numéro 1 (Kinshasa – Matadi), la construction d’un Hôpital moderne à Kinshasa, dans la Commune de Ndjili. Toutes ces réalisations créent l’enthousiasme dans
le coeur du congolais à l’égard de la Chine et des autres Pays Asiatiques par rapport aux pays Occidentaux.
• Le « Pont Maréchal » jeté sur le fleuve Congo à Matadi, Province du Bas Congo, oeuvre de la coopération nippon-congolaise, montre une fois de plus la différence d’approches en matière de coopération entre l’Asie et l’Afrique comparativement avec l’occident. A ce jour, il se dessine même un nouvel ordre économique relativement renforcé entre Pékin et Kinshasa.  D’après ces accords, cette somme sera consacrée notamment à la construction de 3.213 Kms de voies de chemin de fer entre Sakania dans la Province du Katanga (Sud-est) et Matadi (Ouest) dans la Province du Bas Congo, ainsi que la réhabilitation et la construction d’une route reliant Kisangani dans la Province Orientale à Kasumbalesa au Katanga, distance de 3.402 Kms. L’accord prévoit également un prêt de trois milliards de dollars américains pour relancer l’exploitation minière, avec comme objectif principal le remboursement des investissements placés dans les infrastructures de la RDC. Les conditions de remboursement seraient le troc. Faut-il encore que
les contours de ces accords soient définis pour déterminer d’une façon transparente les engagements des uns et des autres. Comme il y a lieu de le constater, la présence remarquée de la Chine en RDC se situe dans le cadre de la coopération et de l’assistance économique. Trois domaines sont concernés, il s’agit: des mines, des infrastructures de base et des télécommunications. Si hier le système colonial a su mettre à profit l’exploitation des ressources minières pour le développement de la métropole et celui de la colonie, il n’est pas exclu qu’aujourd’hui que la RDC, dans sa configuration politique actuelle ne puisse faire autant. Dès lors, il serait bien à propos de redynamiser ce secteur en s’appuyant sur la technologie et les capitaux de ses partenaires de façon que les projets miniers du pays restent intrinsèquement attrayants, rentables et bénéfiques pour l’épanouissement intégral des populations congolaises.

 La dimension regionale
Aucun pays voisin dans le cadre de l’Industrie Extractive, particulièrement dans le diamant n’a investi d’une manière substantielle en RDC. Cependant, nous citerons la Sengamines, entreprise privée dont le partenaire officiel jusqu’à la fermeture (mars 2005) fut un pays de l’Afrique Australe. Par ailleurs, on cite aussi quelques entreprises Sud-Africaines qui seraient présentes en RDC principalement dans le cadre d’exploitation des minerais cuprifères. C’est le cas de METOREX, REAL MINING au Katanga.
De ce qui précède, il y a lieu de dire que la coopération entre les pays du Sud pose encore problème. Située au centre de l’Afrique, une zone éminemment stratégique, la RDC, n’a pas créé de coopération économique avec ses voisins immédiats. Deux projets futurs de partenariat sont envisagés dans le secteur pétrolier avec l’Angola et l’Ouganda. Malgré son appartenance à l’Union africaine (UA), au Marché commun d’Afrique orientale et australe (Comesa) et enfin à la communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL), le Gouvernement de Kinshasa est souvent en « porte faux » parfois frontalier, parfois politique ou encore idéologiques avec ses voisins. Conséquence logique, la coopération d’une manière générale et les échanges commerciaux particulièrement en pâtissent.
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Source: www.sarwatch.org

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