mercredi 24 février 2010

Ressources Naturelles du Bas-congo ( part 3)

LES MINERAIS DU BAS-CONGO La Province du Kongo Central veut promouvoir son secteur minier. Il s’agit là d’une initiative noble qui ne peut qu’être encouragée. L’idéal serait que cette nouvelle activité s’intègre harmonieusement dans l’économie de la Province. En effet, l’expérience connue dans la plupart des grands pays miniers du monde ne peut qu’appeler à la prudence. En effet qui se souvient aujourd’hui que la Bolivie fut un grand pays minier au 19ème siècles ? Qui ne connaît pas les tâtonnements que connaît le Pérou ? Et le Chili ? N’eût été les réformes drastiques entreprises au cours des deux dernières décennie, je pense que l’économie chilienne connaîtrait une véritable déconfiture. Je pense qu’on est allé regarder inutilement à l’étranger. Les meilleurs exemples de la déconfiture minière se trouvent dans notre propre pays le Congo. En effet, de très grands ensembles miniers tels que l’OKIMO, CONGO-ETAIN, SMDG, SOMIKIVU, et même la GECAMINES se sont effondrés devant nos yeux et les espoirs d’une relance se sont amenuisés d’années en années. Hier, SENGAMINES a fermé, aujourd’hui c’est le tour de la MIBA ? En fait toutes les sociétés minières du Congo souffrent de la même maladie. Ayant des gisements exceptionnellement riches en teneur et en tonnage, l’industrie minière du Congo s’est chaque fois arrêtée dès lors qu’il fallait investir pour s’attaquer à la roche dure. Tant qu’on ramasse des alluvions ou des éluvions, il n’y a jamais eu de problèmes. Mais dès lors qu’il faut forer … Dès lors qu’il faut rationaliser, dès lors qu’il faut planifier et investir, le château des cartes s’effondre. Les organisateurs m’ont demandé de plancher sur les Minerais du Bas-Congo. Il est bon que nous commencions par définir les termes. Dans mon cours de métallogénie. Je défini le mot « minerai » de la manière suivante : « roche contenant de substances utiles ». Les substances utiles sont celles qui ont une valeur marchande. Le mot « minerai » s’oppose au mot « gangue ». Dans l’esprit de beaucoup ; quand on parle de minerai, il s’agit de métaux. Oui et non. Si demain, nous devons faire une verrerie, le minerai qu’on utilisera c’est du sable, donc du quartz De même, lorsque nous fabriquons de la chaux, le minerai utilisé, c’est du calcaire. Or dans tous les cours de métallogénie, quand on parle de gangue, on parle du quartz ou de la calcite. Dans la notion de minerai, j’ai l’habitude de privilégier l’aspect économique. 1. La Recherche minière Un tour au cadastre minier, laisse apparaître que de nombreux opérateurs s’intéressent à des carrés dans notre province. Dans le passé, la Forminière s’est beaucoup intéressé à la recherche minière dans le Bas-Congo. Après la seconde guerre mondiale, BAMOCO, syndicat de Recherche Minière des Bas et Moyen-Congo. Depuis l’indépendance, notre pays s’est peu intéressé à la recherche minière. Ainsi peu de recherche qui s’effectue au Congo est l’apanage des sociétés minières, des privés et un peu des universités. De plus les Zones d’intérêt se limitent souvent à l’or, au diamant, à la cassitérite et au coltan. Des instances comme le Centre de Recherche Minière (CRGM) n’a pas les moyens pour mener à bien les activités inscrites dans ses statuts malgré un personnel de qualité. En liminaires, tous les efforts à entreprendre dans le secteur minier pour notre Province doivent s’articuler d’abord au renforcement de la recherche géologique et à une meilleure connaissance des gisements connus. Ensuite, il faut essayer de trouver et certifier de nouveaux gisements à partir de la multitude d’indices connus dans la province. Une meilleure connaissance des gisements anciens et nouveaux donnera assurément au Gouvernement de la Province d’importants atouts pour mener à bien une politique minière de développement. N’anticipons pas, je crois que Son excellence Monsieur le Commissaire Général nous entretiendra de tout cela dans son importante communication. 2. Données métallogéniques du Bas-Congo Comme nous le verrons plus loin, le Bas-Congo possède une minéralisation importante et variée. Tant que les études géologiques ne sont pas avancées, il est hasardeux de se permettre une classification des domaines métallogéniques trouvés. Nous faisons nôtre la classification proposée à l’occasion de la dernière géo traverse IGCP-470 / UNESCO (du 6 au 15 décembre 2004) à Kinshasa. Suivant donc Luc Tack et à (2004), nous classons les domaines métallogéniques du Bas-Congo en trois principales classe (en partant du plus ancien au plus jeune. 1. Domaine du Zadinien – Mayumbien 2. Domaine du West Congolien 3. Domaine crétacé et récent. Chacun de ces 3 domaines possède une spécificité tant géologique, tectonique que minérale. En résumé, les minéralisations aurifères appartiennent en priorité au domaine 1 Zadinien-Mayumbien. Ces minéralisations semblent associées aux schistes noirs avec la présence des volcanites felsiques. On pense actuellement qu’il s’agirait d’un volcanisme intra-cratonique. Des occurrences de Sheclite (CaW04) et de Monazite (Ce, La Th) P04 ont été rapportés dans les marbres de Tombagadio. Ces marbres appartiennent au super groupe du Kimezien à la du domaine Zadino-Mayumbien. De même plusieurs occurrences de Fer appartiennent à ce domaine. Leur intérêt économique est relatif. Signalons cependant le Mont Sali dont les réserves en minerai de fer sont grossièrement estimés à 100.000 T. Le minerai est constitué quelque fois de magnétite et d’hématite accompagné de l’omniprésente pyrite, imprégnant irrégulièrement les quartzites rapportés au Zadimien. Les minéralisations cupro-plombo-zinco vanadifère semblent associés au schisto-calcaines semblable par divers aspect au super groupe du Roan au Katanga. Au Bas –Congo, les occurrences de Ca-Pb-Zn sont en relation avec les failles des phases ultimes du Pan africain qui affectent les groupes Schisto-calcaire, MPoku et Inkisi. A maints égards, le gisement de Bamba Kilenda situé à 70 km au Sud de Kinshasa ressemble à celui de Kipushi, de Broken Hill (Zambie) et Tsumeb en Namibie. Ce gisement a été intensément étudié. Une lentille d’environ 2.500 tonnes de chalcocite y a été identifiée. Ce gisement connaît un contrôle tectonique. Dans la partie Est du gisement, la minéralisation devient plus complexe renfermant du cuivre, du Plomb-Zinc et du vanadium. On croit que ce gisement a une épaisseur qui ne dépasse pas les 150 mètres. Des indices et des occurrences plus ou moins importants de Pb-V qu’on croit être épigénétique apparaissent à Nkusu, Muka, Toni, Luvituku, Mangulu sont également connus. Certaines de ces occurrences présentes des indices de cuivre. Ces indices et occurrences se rencontrent dans les parties supérieures du groupe Schisto-calcaire le long d’un faible SW-NE à l’Ouest de Mbanza Ngungu. Signalons en passant que 2500 T de Vanadate de Plomb ont été exploité à Nkusu-Senge par BAMOCO. Bamba Kilenda (Congo-Kin), Mindouli, Mpussu, Mfouabi, Boko au Congo Brazzaville ainsi que Bembe en Angola sont des gisements appartenant à la même épisode du West Congolien Signalons pour terminer ; la présence de Baryte dans la Lukaya. Une importante veine a été exploitée dans les environs de Madimba. De nombreuses autres occurrences ont été signalées et sont généralement liées génétiquement ou Cu-Pb-Zn. Enfin les importantes réserves de calcaires exploitées pour la production du ciment à Lukala et Kimpese appartiennent ou schisto calcaire du West Congolien. Il existe au Bas-Congo un vaste domaine Bauxitique s’étendant sur environ 100 Km de Mbanza Mateke au Sud-Est Kai Mbaku au Nord-Ouest en passant par Isangila, Sumbi, Tsala. Cette Zone bauxitique est étroitement associé au vaste domaine correspondant à des bandes de roches basiques, volcanites et sillo du Mayumbe. Celles –ci forment des bandes parallèles de direction NNW-SSE conforme à la direction structurelle de la chaîne Ouest congolienne. Ces roches basiques sont interstratifiées dans ce que nous appelions hier mixtite et que nous appelons actuellement diamichite inférieure du Bas-Congo et dans le Sansikwa. Les plateaux de Sumbi et Sanzala ont été systématiquement prospecté. Les meilleures bauxites sont constitués de gibbsite, kaolimite et croît avec la profondeur à partir de 5 et 10 mètres. Les teneurs en aluminium peuvent atteindre 48 %. Des minéralisations de Manganèse apparaissent également dans les Schisto-calcaire. Des occurrences importantes ont été observées dans la région du Luozi. On a également trouvé des venues manganésifère dans la Zone de Lufu et dans les latérites de Luvitiku à l’Ouest de Mabanza Ngungu. BHP et le groupe Lédya s’intéressent au manganèse de Luozi. On pense que ces occurrences sont latéritiques. Dans le Domaine métalogènique récent, on doit noter d’abord de nombreuses occurrences de diamant et de minéraux accompagnateurs, grenat, ilmenite et pyroxène. La plupart des rivières de la rive gauche du fleuve Congo prenant leur source en Angola tel que la Ngufu, l’Inkisi, la Kwilu contiennent dans leurs alluvions des diamants. Une pipe Kimberlitique existe à Kimpangu mais il est peu étudié. Des diamants ont été trouvés dans le Mayumbe associé à de l’or dans les bassins de la Bavu et de la Lombe. Des exploitations artisanales d’or et de diamant ont lieu dans les environs de Lukula. Outre les hydrocarbures, gazeux et liquides, signalons l’occurrence de sables et calcaires asphaltiques à Mavuma dans le Territoire de Lukula. Ces roches découvertes en 1913 et ont été exploités de 1952 à 1961. Les sables asphaltiques de Mavuma ont notamment servi aux travaux d’asphaltage de l’aéroport de Muanda, de la route Muanda - Banana et de la route Boma –Tshela. Pour terminer ces énumérations, parlons des phosphates. On estime les réserves de phosphates à environ 100 millions de tonnes d’une teneur allant de 14 à 18 % de P2 O5. Les occurrences les plus importantes sont connues à Fundu-Nzobe, Ngundji, Kuinzi et Vangu. Les phosphites s’étendent de l’Enclave de Cabinda à l’Angola. Ces roches sont associées à des dépôts marins.

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