Les activités
humaines ont-elles perturber l'écosystème Terre au point que nous aurions
entamer une nouvelle ère géologique ? L'Anthropocène, dont il est question, est
illustré par une vidéo originale et spectaculaire diffusée à la veille de la
conférence "Planet Under Pressure" qui a eu lieu fin mars 2012 à
Londres.
En seulement
quelques générations, l'Homme a profondément transformé son support de vie pour
l'adapter à ses "besoins". Malheureusement, la pression insoutenable
des activités humaines a rompu les grands équilibres naturels de la Terre et
notre passage, même bref, laissera sans doute une empreinte dans l'histoire
géologique de notre planète.
L'Anthropocène[1]
serait donc une nouvelle période de l'ère géologique quaternaire et succéderait
à l'Holocène daté de seulement - 11 700 ans. Rappelons que l'Holocène est une
période interglaciaire qui a été particulièrement propice à l'expansion des
sociétés humaines sur la Terre.
Pourquoi peut-on
parler d'Anthropocène ?
Comment un
géologue du futur pourrait-il repérer l'Anthropocène dans les couches
géologiques ? Le rapport Planète Vivante 2016 du WWF nous fournit des
indications : "Tout simplement grâce aux nombreux signes susceptibles de
témoigner de l’influence humaine. À titre d'exemple, les vestiges de certaines
mégapoles pourraient très bien évoluer en de complexes structures fossiles.
L’urbanisation peut elle-même être vue comme une altération des processus
sédimentaires du fait de la formation de strates rocheuses « artificielles ».
Les scientifiques
évoquent aussi la possibilité de détecter tout un éventail de marqueurs
potentiels, depuis les pesticides jusqu’à l’azote et au phosphore, en passant
par les radionucléides (Waters et coll., 2016).
L’accumulation de
particules plastiques dans les sédiments marins (Zalasiewicz et coll., 2016)
pourrait être décelée dans de multiples roches. Enfin, il est probable que le
géologue en question constate un déclin rapide du nombre d'espèces à partir des
indices présents dans le registre des fossiles (Ceballos et coll., 2015), nous
perdons déjà des espèces à un rythme comparable à celui d’une sixième
extinction massive. Les données actuellement disponibles sur ces types de
changements laissent penser que l’Anthropocène a pu commencer au milieu du 20e
siècle (Waters et coll., 2016)."
"Bienvenue
dans l'Anthropocène" : une vidéo pour mesurer notre impact
Pour la première
fois dans l'histoire de l'humanité, nous appartenons à cette génération qui a
la responsabilité de l'avenir même de nos civilisations. Nous pouvons encore
réorienter nos choix vers un futur plus durable mais il faudra faire preuve de
courage et d'inventivité. Voici le message de ce film de 3 minutes qui débute
lors de la Révolution Industrielle, il y a 250 ans.
Des images
exceptionnelles des flux d'énergie (électricité, pipelines...), de
communication (câbles sous-marins) et de transport (routes, voies ferrées,
voies maritimes et trafic aérien) montrent la toile qui s'est tissée sur toute
notre planète. De plus, des données sont superposées sous forme d'un graphique,
celles-ci montrent l'emballement de nos activités et de la croissance démographique
à partir des années 1950.
Bienvenue dans l'Anthropocène
Le film a été
produit dans le cadre de l'ouverture du portail éducatif consacré à
l'Anthropocène et aux sciences des changements globaux : Anthropocene.info
"L'Anthropocène
change notre relation avec la planète. Nous avons une responsabilité nouvelle
et nous devons déterminer comment y répondre." Elinor Ostrom, prix nobel
d'économie, Université d'Indiana.
L'anthropocène :
une nouvelle ère géologique contestée
La désignation de
cette nouvelle ère géologique n'est pas bien accueillie par certains géologues
qui suivent des règles rigoureuses et précises pour dresser l'histoire de la
Terre : "certains voudraient faire de l’anthropocène une ère géologique
parce que l'influence de l'homme serait globale (...) La période anthropocène
est définie comme due à l'homme, elle s'inscrit dans l'histoire de l’humanité,
elle a sa place dans le calendrier de l'histoire humaine. Pourquoi vouloir en
faire une ère géologique ? Ce serait à la fois inutile et inapproprié car elle
n'en possède pas les caractères." explique Patrick De Wever, Professeur au
Muséum national d'histoire naturelle de Paris dans le journal Le Monde.
Et pourtant,
l'Homme a modifié le paysage et y a inscrit son empreinte comme jamais avec
autant de violence qu'une catastrophe majeure suivie d'une extinction massive.
Notes
Le terme fut
proposé en 2000 par Paul J. Crutzen, prix Nobel en 1995 pour ses travaux sur la
chimie de l'atmosphère et ses recherches sur l'appauvrissement de l'ozone
stratosphérique (le fameux « trou »), et par Eugene F. Stoermer dans une
publication (p. 17) de l'International Geosphere-Biosphere Programme. Mais le
concept lui-même, l'idée que l'activité humaine affecte la Terre au point tel
qu'elle puisse traverser un nouvel âge, n'est pas nouveau et remonte à la fin
du XIXème siècle. Différents termes furent ainsi proposés au cours des
décennies, comme Anthropozoïque (Stoppani, 1873), Noosphère (de Chardin, 1922 ;
Vernadsky, 1936), Érémozoïque (Wilson, 1992), Anthrocène (Revkin, 1992), etc.
Il semble que le succès du terme choisit par Crutzen et Stoermer soit dû à la
chance d'avoir été formulé au moment opportun, alors que l'Humanité prenait
plus que jamais conscience de la profondeur des impacts qu'elle cause aux
milieux planétaires. — Il est à noter qu'Edward O. Wilson (qui suggéra
Érémozoïque, l'âge de la solitude ou « la vie seule ») popularisa les termes «
biodiversité » et « biophilie ». Techniquement, l'Anthropocène est la période
la plus récente du Quaternaire, succédant à l'Holocène (Globaia).
Source :
notre-planete.info, http://www.notre-planete.info/actualites/actu_3350.php
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire