mercredi 29 juin 2016

Les conséquences du changement climatique


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Les changements climatiques et l'inertie des systèmes

Les changements climatiques induits par cette augmentation de la concentration des gaz à effet de serre auront des conséquences multiples et difficiles à cerner. Cependant, ils devraient causer des modifications, aux échelles régionale et planétaire, de la température, des précipitations et d'autres variables du climat, ce qui pourrait se traduire par des changements mondiaux dans l'humidité du sol, par une élévation du niveau moyen de la mer et par la perspective d'épisodes plus graves de fortes chaleurs, d'inondations, de sécheresses...
Ce qui change par rapport aux variations climatiques naturelles que l'Homme a pu connaître, c'est que la vitesse moyenne du réchauffement sera supérieure à tout ce qui a pu se produire, avec une élévation de température jamais atteinte depuis plus de deux millions d'années (D.Jolly, in Science & Vie, 2003). Ce dérèglement climatique étalé sur une centaine d'année sera comparable aux variations de températures qui nous séparent d'un âge glaciaire (5 à 6°C) et donc d'une ampleur inégalée depuis au moins 10 000 ans (H. Le Treut, CNRS, 2004). Rapelons que le dernier âge glaciaire date d'environ 18 000 ans et qu'il a fallu plusieurs milliers d'années pour que la température baisse de 5 à 6°C, il est en effet, ici question d'une centaine d'année... Notons que le Crétacé supérieur (il y a environ 80 millions d'années) fut la période la plus chaude de l'histoire de la Terre avec environ 6°C de plus qu'aujourd'hui (A. Nicolas, 06/2004).
Les réponses des différents systèmes (climatiques, écologiques, socioéconomiques) affectés par ces changements climatiques sont caractérisées par une inertie inhérente qui fait certaines conséquences seront irréversibles ou persisteront des millénaires. De surcroît, les conséquences dépasseront la capacité de réponse des systèmes naturels et humains qui pourraient être définitivement altérés ou détruits.
A ce titre, le GIEC souligne l'importance des "mesures d'adaptation et d'atténuation anticipatoires". En effet, la stabilisation voire la réduction des émissions à un niveau peu élevé ne permettront plus de prévenir les changements climatiques en cours. D'autant plus qu'en général, plusieurs années sont nécessaires à la mise en oeuvre de plans d'actions de la part de nos sociétés face à des problèmes importants, un temps précieux qui peut accroître considérablement la durée de certains effets. Notons enfin que certains changements régionaux proviennent de variations climatiques naturelles et localisées qui peuvent alors paraître en contradiction ou en exagération des conséquences attendues globalement comme un refroidissement exagéré.
 En général, ce sont les populations des pays en voie de développement, qui seront le plus exposées aux conséquences des changements climatiques notamment à cause de leur manque de moyens.

Les principales conséquences des changements climatiques

 "Les changements climatiques prévus auront des effets bénéfiques et néfastes sur les systèmes environnementaux et socio-économiques, mais plus l'ampleur et le rythme de ces changements seront important, plus les effets néfastes prédomineront." (GIEC, 2001) Il est encore très difficile de prévoir avec exactitude les conséquences climatiques pour chaque région du globe. Ce qui semble acquis, c'est le caractère répétitif d'événements alors exceptionnels : "il est très probable (plus de 9 chances sur 10) que les chaleurs extrêmes, les vagues de chaleur et les événements de fortes précipitations continueront à devenir plus fréquents" (GIEC, 2007). Le volume 2 du rapport 2014 du GIEC fournit des éléments de prévisions sur les conséquences en cours et à venir des changements climatiques.

Carte mondiale des conséquences des changements climatiques

Ensuite, des zones à des échelles régionales devraient subir des modifications plus spécifiques en fonction de leur situation géographique, comme l'illustre la carte récapitulative suivante :
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Le climat

 Les températures et les saisons

D'une façon générale, les écarts thermiques entre les saisons et les continents seront moins marqués, l'élévation de température sera plus forte aux pôles qu'à l'équateur, sur les continents que sur les océans, la nuit que le jour et plus élevée en hiver qu'en été. Le régime hydrologique sera modifié par l'accélération du cycle évaporation-précipitation. Les deux principales conséquences attendues sont un déplacement vers les pôles des zones climatiques tropicales (d'environ 100 km par degré d'élévation de température) et l'accentuation de la dynamique et des contrastes climatiques (A. Nicolas, 06/2004). "Le réchauffement le plus important est attendu sur les terres émergées et aux latitudes élevées, et le moins important est escompté dans le sud de l'océan indien et dans certaines parties de l'Atlantique nord" (GIEC, 2007).

Les précipitations 

Les précipitations seront plus importantes aux latitudes élevées et plus faibles dans la plupart des régions émergées subtropicales. Selon le GIEC, la qualité de l'eau douce pourrait être altérée, bien que ceci puisse être compensé par des débits plus importants dans certaines régions. Les courants marins Le réchauffement global pourrait affaiblir le Gulf Stream, courant chaud qui adoucit en partie le climat de l'Europe occidentale entraînant pour le coup un refroidissement important sur l'Europe du Nord et la côte est des Etats-Unis de -5°C (hypothèse estimée plausible à 5%). Cette transition ne devrait pas s'opérer de façon marquée au cours du XXième siècle.

 Les glaciers 

Les glaciers de montagne 

Les glaciers de montagne continuent leur régression généralisée et devraient avoir tous disparu d'ici 50 à 100 ans, ce qui entraînera des pénuries d'eau pour des millions de personnes qui en sont tributaires. Ce sera sans doute le cas en Asie dans la région Hindu Kouch-Himalaya, où les glaciers fondent à une vitesse alarmante qui s'accélère, menaçant directement l'alimentation en eau de fleuves majeurs comme le Gange et le Yangtze (Nature, 11/2005, Planète Science 03/2006).

Les glaces de mer

 La superficie et l'épaisseur de la couverture neigeuse et de la glace marine diminueront. "Le niveau de la mer et les inlandsis devraient continuer de réagir au réchauffement pendant des siècles après la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre" (GIEC, 2001). Notons que selon le GIEC, "il n'existe pas de changements prouvés pour ce qui est de la superficie générale de la glace marine antarctique pour la période entre 1978 et 2000" contrairement à la banquise arctique qui a perdu près de 45% de sa superficie et 80% de son volume depuis 1979. A ce rythme, la banquise arctique devrait avoir complètement disparue en 2054.

Le pergélisol

 Le pergélisol des régions polaires, subpolaires et montagneuses, un héritage issu de la dernière glaciation il y a 120 000 ans, devrait continuer de fondre, avec des glissements de terrain qui affecteront les infrastructures, les cours d'eau et les écosystèmes des zones humides.

Les océans 

Le niveau des océans

L'élévation du niveau des mers pourrait atteindre près d'un mètre, bien davantage pour certains auteurs ! Et ce, de façon irréversible à moyen terme dorénavant. En effet, le réchauffement de l'atmosphère met des dizaines d'années avant d'atteindre le fond des océans. Il se crée donc un phénomène thermique capable d'entretenir la montée du niveau des océans pendant plusieurs centaines d'années. Les trois principales conséquences sont l'accentuation de l'érosion des littoraux (100 km² de marécages disparaissent chaque année dans le delta du Mississippi), l'augmentation de la vulnérabilité aux tempêtes qui génèrent des inondations et la salinisation des littoraux alors impropres aux cultures. Un réchauffement supplémentaire de 4 à 7 degrés est attendu en Arctique dans les cent prochaines années avec des répercussions planètaires : inondations des zones côtières, hausse du niveau des océans, modification des trajets de migration, ralentissement des échanges océaniques... (ACIA, 11/2004) Plus d'une centaine de millions de personnes vivant dans des deltas, sur des îles et sur les littoraux devront sans doute se déplacer. Notons que comme New York (19 millions d'habitant), 16 des 20 mégapoles mondiales sont situées en bord de mer où l'élévation du niveau des eaux pourrait atteindre près d'un mètre !

 L'acidification des océans 

Depuis le début de l'ère industrielle, les océan ont absorbé la moitié des émissions anthropiques de CO2, ils agissent comme un régulateur. Cependant, cela se traduit par une augmentation de l'acidité des océans à un rythme inconnu par les organismes marins. Le niveau d'acidité des océans (mesuré par le PH) est resté stable entre le Xème et le XIXème siècle. Cependant, selon C. Langdon, professeur de biologie marine à l'Université de Miami, il a diminué (l'acidité augmente donc) de 0,1 depuis la révolution industrielle. La baisse devrait être de 0,3 d'ici à 2100, menaçant gravement les organismes marins : la croissance du corail et du plancton ralentiraient et les coquilles des ptéropodes (minuscules escargots marins) seraient dissoutes. Selon, K. Caldeira, spécialiste de l'océanographie chimique à l'Université Stanford, les océans sont plus acides que "depuis des millions et millions d'années"... (Courrier International, 10/2006).

 Les risques naturels

 La fréquence, l'intensité et la durée des phénomènes extrêmes (canicules, inondations, sécheresses, cyclones...) seront accentuées, bien qu'il n'est pas encore possible de l'affirmer pour les orages, les tornades ou le grêle par exemple. Les constructions et les centres urbains doivent s'adapter à la multiplication des catastrophes naturelles, ce qui n'est manifestement pas encore le cas (comme en témoignent l'inondation de La Nouvelle Orléans en août 2005 et la tempête Xynthia qui a inondé une partie du littoral français en mars 2010) faute de données fiables sur les périodes de retour des tempêtes par exemple. Le secteur des assurances devrait revoir à la hausse le coût de son accessibilité vu que selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement, les dépenses engendrées pourraient atteindre les 300 milliards de dollars par an dans 50 ans... Pour exemple, les coûts entraînés par le cyclone Mitch (1998) ont menacé de faillite le secteur des assurances aux Etats-Unis. Katrina en août 2005 coûterait environ 135 milliards de dollards.

 La couche d'ozone

L'effet de serre favorise la destruction de la couche d'ozone. En effet, les gaz à effet de serre refroidissent les couches supérieures de l'atmosphère (la stratosphère) ce qui attise l'action destructrice de l'ozone des molécules de chlore des CFC. Ainsi, les populations qui vivent aujourd'hui en Arctique recevront une dose d'UV 30% supérieure (ACIA, 11/2004). La biodiversité D'ores et déjà, le vivant est affecté par le changement climatique puisque des mouvements de milliers d'espèces sont enregistrés sur tous les continents. Modification des cycles de vie, accroissement du risque d'extinction de certaines espèces vulnérables, déplacement des aires de répartion et réorganisation des interactions entre les espèces (fragmentation, compétition) en sont les principales conséquences. Selon les biologistes, un réchauffement de 1°C se traduit par un déplacement vers le nord de 180 km (et de 150 m en altitude), en moyenne, des aires de répartition des espèces (Science & Vie, 2003).

 La végétation 

L'augmentation des niveaux de CO2 dans l'atmosphères ont;, à court terme, des effets bénéfiques sur la végétation. En effet, depuis une trentaine d’années, les terres végétalisées, situées principalement aux tropiques et à des latitudes élevées, ont gagné de 25 % à 50 % de couverture foliaire tandis qu’à l’inverse, seulement 4 % des sols ont vu décliner leur végétation, notamment en Mongolie, en Argentine et en Alaska. Au total, ce « verdissement » récent concerne 18 millions de km², soit deux fois le territoire des États-Unis !" Selon les simulations des scientifiques, ce phénomène est dû pour 70% à l’effet fertilisant du CO2 atmosphérique, pour 9% à l'augmentation de l'azote dans l'environnement et pour 8% au réchauffement climatique. Malheureusement, l'effet fertilisant s'affaiblit et deviendrait inefficace avec des teneurs en CO2 plus élevées. De plus, cette densification de la végétation ne doit pas occulter la réalité de la déforestation et son impact défavorable sur le climat.(Greening of the Earth and its drivers, Z. Zhu et al., Nature Climate Change (2016), 25 April 2016, doi:10.1038/nclimate3004) Les secteurs économiques Tous les secteurs socio-économiques subiraient les conséquences de stress supplémentaires imposés à l'infrastructure physique et sociale, allant d'une modification des pratiques de construction à une adaptation des systèmes de soins de santé et à des changements des modes de vie de subsistance reposant sur les connaissances traditionnelles. Les analystes de l'ONU considèrent que les aléas climatiques ont désormais une influence directe sur 30 % à 70 % du PIB mondial...

L'agriculture

 Contrairement à une idée reçue, la grande majorité des travaux menés sur les rendements agricoles dans différentes régions du monde et sur différentes cultures montrent que l'agriculture pâtira des changements climatiques. Ainsi, les impacts négatifs seront plus nombreux que les bénéfices. Les principales cultures céréalières mondiales (blé, riz et maïs) connaîtront des baisses de production dans les régions tropicales et tempérées si la température moyenne augmente de plus de 2°C. Cependant, certains endroits pourront profiter d'un climat plus chaud et développer leur agriculture. De plus, l'adaptation aux catastrophes naturelles devra être importante comme en témoigne le déclin économique du marché français du bois après les tempêtes de 1999.

 Les crises géopolitiques

 Les scientifiques prédisent que d'ici 2050, si l'évolution du réchauffement climatique est conforme aux pronostics, le nombre de conflits intergroupes dans les points les plus "chauds" pourrait augmenter de plus de 50% si les futures générations n'arrivent pas à s'adapter aux variations de température mieux que leurs prédécesseurs. Déjà, les réfugiés écologiques, environnementaux et climatiques, dits aussi écoréfugiés, représentent des dizaines de millions de personnes.

 La santé 

Sur la santé humaine : les conséquences seront très certainements largement négatives. Ces incidences pourront être directes (comme l'exposition à de nouveaux stress thermiques et à de nouveaux types de phénomènes extrêmes) ou indirectes (accroissement de la présence de certains pollens, moisissures ou polluants atmosphériques, malnutrition, risque accru de maladies transmises par vecteurs ou dues à la contamination de l'eau, surcharge du système de soins de santé). En effet, l'extension géographique de plusieurs maladies majeures comme la malaria (1 milliard de personnes infectées), la dengue, la leishmaniose... Dépend de la hausse des températures.

Source :www.notre-planete.info

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