lundi 24 janvier 2011

Mines : le sous-sol africain a la cote

Mine de phosphate d' Ahotoé (Togo) près de Lomé. Mine de phosphate d' Ahotoé (Togo) près de Lomé.

En investissant autour de 10 milliards d’euros dans la région, grands producteurs mondiaux mais aussi juniors minières et sidérurgistes veulent sécuriser leurs approvisionnements face à une demande internationale toujours en hausse.

Ils sont partis à la conquête de l’Ouest : les trois premiers producteurs de fer mondiaux, le brésilien Vale et les australiens BHP Billiton et Rio Tinto (70 % de la production mondiale à eux trois), mais aussi leurs clients sidérurgistes, les chinois Chinalco et Shandong Iron and Steel, le franco-indien ArcelorMittal ou encore l’indien Tata Steel, sont bien décidés à faire des gisements de fer de l’Afrique occidentale une nouvelle source d’approvisionnements.

Et ils sont prêts à braver tous les dangers pour cela : s’associer avec des juniors minières à la réputation sulfureuse et opérer dans des zones reculées et politiquement instables. En moins de six mois, pas moins de cinq méga-accords miniers ont été annoncés, totalisant près de 10 milliards d’euros, dans trois pays jugés jusqu’alors risqués par les miniers : la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone.

C’est la conjoncture qui a replacé l’Afrique au centre du jeu mondial : la demande a considérablement augmenté depuis dix ans, dopée par la voracité de la Chine, qui développe son industrie. Les augmentations de production des deux pays leaders, l’Australie et le Brésil, ne sont pas suffisantes pour faire face. La Chine accroît sa production nationale, mais son minerai reste pauvre en fer (à peine 20 %).

Les prix ont explosé, passant, pour le minerai à 62 %, d’environ 60 dollars la tonne au début des années 2000 à 180 dollars fin avril sur les marchés à court terme. Depuis, un report stratégique des commandes chinoises a fait retomber ce prix autour de 115 dollars (environ 89 euros), mais la tendance de fond reste orientée à la hausse et pousse les miniers à investir.

De leur côté, les sidérurgistes tablent sur l’intégration verticale. Ils veulent acquérir leurs propres mines pour gagner en indépendance et surtout se prémunir contre la volatilité des cours, qui va s’aggraver avec le nouveau système de fixation des prix du fer, validé en mars : pour les gros volumes, il n’y a plus de prix fixes sur une année entière (long terme), tous les achats sont désormais négociés sur le marché (court terme).

La Guinée continue d’attirer

Dans ce contexte, les gisements ouest-africains aiguisent les appétits de tous : avec des réserves estimées entre 250 millions et 500 millions de tonnes, dont une bonne partie à 65 % de teneur en métal (soit le niveau des meilleures mines australiennes), ils ont de quoi séduire.

À Conakry, alors que se termine la phase délicate de la transition politique, on assiste à une véritable ruée vers le fer. Le 19 mars, Rio Tinto et Chinalco annonçaient un investissement de 2,2 milliards d’euros pour l’exploitation des lots nord du massif du Simandou, la troisième réserve mondiale de fer, isolée au cœur de la région de la Guinée forestière. Le 1er mai, c’était au tour de Vale de révéler son intention d’exploiter les lots sud de la même montagne. Pour 1,9 milliard d’euros, le numéro un mondial s’est offert 51 % de la filiale guinéenne de BSGR, la major minière de l’Israélien Benny Steinmetz, controversée pour avoir obtenu cette concession sous Lansana Conté alors qu’elle n’avait aucune expérience dans l’extraction de fer. Enfin, le 24 mai, la junior australienne Bellzone, dirigée par le Russe Nikolais Zuks, nouait un accord avec le China International Fund (CIF) pour l’exploitation du fer de Kalya, au centre du pays : 2,1 milliards d’euros d’investissements prévus.

Au Liberia voisin, c’est le géant BHP Billiton qui mène la danse : le 15 juin, il a noué un accord avec le gouvernement pour le développement de quatre mines de fer dans le pays, pour un investissement prévu de 2,3 milliards d’euros. De son côté, ArcelorMittal réactive son projet de redémarrage de l’ancienne mine joyau du pays, la Liberian American Mining Company (Lamco), obtenu en 2006.

Juste à côté, la Sierra Leone n’est pas épargnée : Shandong Iron and Steel a annoncé le 13 juillet un investissement de 1,2 milliard d’euros en vue de sécuriser 10 millions de tonnes par an à prix préférentiel, issues du gisement de Tonkolili d’African Minerals. Cette junior minière est dirigée par l’Australo-Roumain Frank Timis, personnage haut en couleur critiqué pour ses exagérations sur les ressources minérales de ses concessions.

Eviter la monoactivité

Jusqu’à présent, l’Afrique ne fournissait que 4 % du fer mondial, mais les experts prévoient que le continent représentera plus de 15 % de la production d’ici dix ans. La Mauritanie, pays leader du continent avec sa Société nationale minière (Snim), ne sera donc plus isolée. La Guinée affiche même l’ambition de devenir le troisième producteur mondial. Le Sénégal n’est pas oublié : il attend la création d’une coentreprise entre l’indien NMDC et ArcelorMittal pour l’exploitation du gisement de Falémé. Dans d’autres régions du continent, des pays riches en fer comme Madagascar (en négociation avec le sidérurgiste chinois Wisco) et le Gabon sont aussi courtisés.

Les gouvernements des pays ouest-africains à fort potentiel sont évidemment enthousiastes : « Cela faisait cinquante ans que nous étions assis sur des gisements sans rien en faire ! Demain, on pourra comparer le fer guinéen au pétrole nigérian, en termes d’apport à l’économie nationale », s’exclamait fin juin Mahmoud Thiam, le ministre guinéen des Mines. Reste à savoir si tous ces mégaprojets annoncés à grand renfort de publicité verront bien tous le jour, survivront aux aléas politiques et profiteront au plus grand nombre. Et si les pays concernés par cette aubaine sauront éviter l’écueil de la monoactivité.

(source : JA. Cliquer pour agrandir.)

des surprises pétrolières et gazières en réserve en Afrique

Au large du Ghana, le champ de Jubilee a été découvert en 2007.

En matière de pétrole et de gaz, l'Afrique est un espace sous-exploité qui, plus que jamais, a un rôle à jouer sur la scène mondiale. Tous les acteurs internationaux, et nationaux, lorgnent les gisements encore à mettre au jour.

Alors que le monde débat de l’imminence du pic pétrolier – quand la production, après une période de stagnation, commencera à décroître –, l’Afrique voit, elle, ses réserves augmenter et sa part à l’échelle de la planète croître. Le continent recèle aujourd’hui près de 10 % des réserves mondiales prouvées de pétrole (127,7 milliards de barils), contre moins de 8 % il y a dix ans. Selon les experts, ce chiffre pourrait vite atteindre 12 %. Les faits sont là : 20 % de l’accroissement des réserves dans le monde proviennent du continent.

« Il y a des opportunités massives en Afrique ! C’est la clé de notre croissance », assure Osman Shahenshah, directeur exécutif d’Afren, un producteur panafricain coté à Londres. La découverte au large du Ghana du champ de Jubilee, qui est entré en production mi-décembre, a été un élément révélateur du potentiel inexploité du continent. L’italien ENI s’est de fait lancé dans une série d’acquisitions, notamment dans les eaux togolaises. Pour lui, cela ne fait aucun doute : il y aura d’autres Jubilee.

Forer toujours plus profond

Même son de cloche chez Total. Pour Jacques Marraud des Grottes, directeur exploration et production pour la zone Afrique, « le continent reste une zone d’exploration importante car [Total n’a] pas tout découvert ». Le groupe français y a investi 5 milliards de dollars (environ 3,8 milliards d’euros) en 2010 et prévoit au moins autant en 2011. Mauritanie, Libye, Côte d’Ivoire (où Total est entré en novembre)… Autant de nouveaux pays pour le pétrolier, qui poursuit en outre ses efforts dans les « zones traditionnelles » comme l’Angola (ou le projet Pazfloor, à 220 000 barils par jour (b/j), entrera en production au dernier trimestre de 2011), le Nigeria et le Congo.

Le continent bénéficie d’au moins deux éléments convergents. D’abord la technologie, qui permet de forer plus loin (au-delà de 1 500 m de profondeur d’eau) mais aussi de récupérer du pétrole dans des champs déjà exploités. C’est le cas du champ Anguille, au Gabon, exploité depuis quarante ans par Total et dans lequel la firme a décidé de réinvestir 1,4 milliard d’euros pour extraire 100 millions de barils supplémentaires. L’autre signal est le prix, qui, en 2010, a tourné autour de 72 dollars le baril et devrait atteindre les 85 dollars en moyenne en 2011. La production africaine, aujourd’hui de 10 millions de b/j, devrait atteindre 14 millions de b/j en 2015 et 20 millions d’ici à 2030, estime Duncan Clarke, expert international.

Si l’Afrique de l’Ouest, et notamment le golfe de Guinée, concentre aujourd’hui la majeure partie des investissements pétroliers (en dix ans, ils ont été multipliés par dix dans la région, pour atteindre 15,6 milliards de dollars cette année), aucune zone ne sera épargnée par les foreuses : l’Afrique de l’Est, notamment la Tanzanie et le Mozambique, ou l’américain Anadarko a déjà annoncé une découverte de gaz et où ENI entamera bientôt les travaux de forage ; la région des Grands Lacs, avec des réserves prouvées de 2 milliards de barils sous le lac Albert, en Ouganda ; l’Afrique du Nord, où les projets se multiplient, notamment en Libye et en Tunisie… Plus de 250 milliards de dollars ont été investis ces dix dernières années, et la tendance devrait s’accroître.

Gazprom mise sur Lagos

Le gaz naturel est l’autre avenir du continent, notamment au nord du Sahara. Mais l’Angola et le Nigeria (70 % des réserves subsahariennes), à travers la production de gaz naturel liquéfié (GNL), sont amenés eux aussi à renforcer leur rôle sur le marché mondial. Lagos, déjà troisième producteur de gaz du continent (24,9 milliards de m3 produits en 2009), détient les premières réserves prouvées africaines (5 250 milliards de m3) devant l’Algérie.

Le premier exportateur mondial de gaz, le russe Gazprom, ne s’y est d’ailleurs pas trompé, qui a décidé d’investir 2,5 milliards de dollars dans une coentreprise avec la Nigerian National Petroleum Corporation. Toujours dans la course pour sécuriser ses investissements en hydrocarbures, la Chine investit elle aussi dans le gaz. Le premier raffineur du pays, Sinopec, a racheté fin novembre les parts d’un champ gazier de l’américain Chevron en Angola, pour 680 millions de dollars.

La dépendance mondiale aux hydrocarbures africains n’est pas près de fléchir. L’année dernière, le Nigeria a surpassé l’Arabie saoudite en devenant le troisième fournisseur de pétrole des États-Unis. Washington prévoit une dépendance au pétrole africain de 25 % en 2015. La Chine est le premier client de l’Angola, troisième producteur d’or noir du continent. Enfin, l’Europe entend profiter des divers projets gaziers du continent (Medgaz, Transsaharien, etc.) pour réduire sa dépendance au gaz russe.

Geo-Africa à la conquete de l'espace

Nom de code : Geo-Africa. Ce réseau satellitaire d’observation pan­africain est peut-être la prochaine grande réalisation de l’Union africaine, soutenue financièrement par l’Union européenne, si le projet voir le jour. EADS est évidemment en lice comme constructeur, mais c’est surtout le promoteur du projet.

Le groupe mise beaucoup sur le développement des activités satellitaires sur le continent. Sa filiale Astrium travaille au corps la plupart des agences spatiales de la région. L’Algérie (avec Alsat2) a même envoyé des stagiaires au centre d’EADS à Toulouse, en France. Et en Afrique du Sud, au Nigeria, en Mauritanie, au Gabon ou au Mali, « il y a de vraies politiques et de vraies ambitions », assure Jean-Philippe Gouyet. Des discussions sont également en cours avec la présidence sénégalaise pour un projet de satellite consacré à l’agriculture (érosion des sols, avancée du désert…). Le marché est ouvert.

samedi 8 janvier 2011

ogni fine è un inizio

Se ci fermiamo al presente, il lavoro è compiuto solo a metà, e ogni buona storia ha bisogno di un finale. Anche per questo, seguendo il «copione» del numero monografico dell'anno scorso, dedicato alle origini, abbiamo scelto di dedicare la rivista che sfogliate al tema della fine. Dalla fine di ogni singolo individuo alla fine del cosmo, passando per il divenire di tutte le cose. Certo, su qualche argomento - come la futura evoluzione del nostro pianeta o dell'intero universo, ma anche sull'esaurimento delle risorse - la scienza non può che offrire speculazioni, in base a quanto sappiamo del passato e in base alle teorie che abbiamo saputo elaborare sul mondo che ci circonda. Ma in fondo è anche o soprattutto questa la missione dell'impresa scientifica: estrapolare dai fenomeni e prevedere gli eventi futuri. Così in questo numero affrontiamo questioni eterogenee, accomunate solo dall'osservazione che ogni «oggetto» di cui parliamo avrà, o potrebbe avere, un fine. Si parte dalla fine individuale di ciascuno di noi, dai perché della mortalità a una profonda riflessione etica sull'istante esatto in cui ha termine una singola vita, un argomento che ha risvolti delicatissimi nella scelta di quando espiantare gli organi per un trapianto. Perché la fine di una vita può essere il nuovo inizio di un'altra. Di qui, ci spostiamo a visitare via via il mondo a una scala sempre più ampia, incontrando la fine delle ultime civiltà indigene di questa Terra, con la cui scomparsa muoiono intere culture che difficilmente lasceranno traccia di sé. Per poi inoltrarci nella fine delle specie, dalla singola alle grandi estinzioni di massa, compresa quella in atto oggi. E scoprire che la vita ha sempre saputo rinascere dalle proprie ceneri, per presentarsi in altre «infinite forme bellissime», come diceva Charles Darwin. Guarderemo anche alla fine delle risorse, che in molti casi la civiltà moderna sta sfruttando oltre il limite della sostenibilità, prima di passare all'ultimo, grande capitolo, che abbraccia la fine della Terra (senza prestare orecchio alle infinite paure millenaristiche che ci sentiamo snocciolare come una litania da sedicenti futurologi), del sistema solare, dell'universo e, forse, anche del tempo. E anche qui, in ogni singolo caso, ogni fine sarà l'indispensabile premessa di un nuovo inizio. In un certo senso, anche questo numero è una fine. Ma no, non c'è nessun motivo di allarmarsi. «Le Scienze» continuerà ad accompagnarvi e a raccontarvi il cammino della scienza con la stessa passione e lo stesso impegno di sempre. Semplicemente, a partire dal numero di dicembre troverete una rivista un po' diversa. Avremo una nuova veste grafica, nuova ed elegante, e un giornale più ricco e più vario, con qualche rubrica in più e qualche altro compagno di viaggio. Un nuovo inizio, dunque, con il numero di fine anno, perché ancora una volta vogliamo provare a darvi di più.